Bonneville, le 13 janvier 2022
Ce Jeudi 13 Janvier 2022, une partie de la communauté éducative du Lycée Guillaume Fichet de Bonneville en Haute-Savoie est en grève.
Nous, professionnels de l’Éducation nationale (personnels enseignants et personnels de la vie scolaire...) tirons la sonnette d'alarme. En effet, au sein de notre lycée, les conditions d’accueil et de travail des élèves et des personnels se sont dégradées de façon significative depuis le mois de novembre. Nous constatons un certain nombre de dysfonctionnements :
- Une communication clairement insuffisante et confuse de la part du Ministère de l’Éducation nationale, qui nuit à la qualité du travail de tous les membres de la communauté éducative. Les protocoles successifs, que le lycée doit appliquer, sont souvent difficiles à comprendre et à mettre en place, et sont parfois source de tensions.
- La gestion au quotidien est difficile pour les élèves, leurs familles et la communauté éducative. Comme par exemple la fermeture de l’internat à 2 reprises au cours des 2 dernières semaines.
- Le suivi pédagogique est rendu impossible à ce stade. D’une part, du fait des absences nombreuses et répétées des élèves qui ne peuvent suivre leurs cours normalement. Il est désormais très difficile pour les enseignants de mettre en place un contrôle continu satisfaisant préconisé par la réforme du lycée. D'autant plus que nous expérimentons depuis trois ans un nouveau bac qui rend déjà le quotidien très lourd à gérer (éclatement du groupe classe, suivi difficile des groupes de spécialité...). La crise sanitaire ne fait donc qu'amplifier les désordres qui pesaient déjà sur tous : élèves, professeurs, vie scolaire, AESH, personnels de direction...
D’autre part, les personnels touchés, eux aussi, ne peuvent pas assurer leur enseignement normalement. Tout cela remet en question la continuité pédagogique sur le court, moyen et long terme. Nous sommes particulièrement inquiets pour les élèves de terminale dans la perspective du baccalauréat et de Parcoursup car cela contribue à introduire une rupture d’égalité dans le cadre d’un processus d’évaluation national.
- Enfin, nous déplorons que cette crise fragilise nos élèves, qui pour certains manifestent des signes de mal être et de stress évidents, devant lesquels nous nous sentons démunis. Nous le sommes d'autant plus qu'il est impossible d'assurer leur suivi, ce qui est très préoccupant au regard des situations critiques que nous constatons.
Ainsi, les personnels grévistes réaffirment aujourd’hui leur détermination à accompagner leurs élèves sur le chemin de la réussite, et ce, malgré la situation sanitaire.
Nous nous interrogeons donc sur la pertinence du maintien des épreuves du baccalauréat à la mi-mars. Nous craignons aussi que dans la perspective de la préparation de la rentrée 2022, les conditions d’enseignement et d’encadrement continuent de se dégrader.
Nous rappelons que le lycée lors la rentrée 2021, n’a pas vu l’intégralité de ses postes pourvus. A ce jour, la vie scolaire et certains enseignements sont toujours en tension. Nous vivons une crise des recrutements qui s'amplifie d'années en années et dont la crise sanitaire est le révélateur. Nous réclamons donc des recrutements solides et durables, à la hauteur des enjeux que représente l'école d'aujourd'hui, comme celle de demain.
Nous alertons enfin sur la difficulté à respecter le protocole de désinfection en raison du manque de personnel, aggravé par la pandémie. Nous rappelons également que le lycée n’est toujours pas équipé de purificateurs d’air dans les salles de classe et que nous n’avons pas de masques FFP2, pourtant recommandés par les autorités scientifiques.
C'est pourquoi nous demandons le soutien de la part de notre hiérarchie, de nos collègues, de nos élèves, des parents d'élèves et des élus locaux dans notre démarche, que nous souhaitons inscrire sur le long terme afin de maintenir l’enseignement de qualité auquel nous sommes attachés. Les signataires :
Stéphanie David-Renardier, professeur d’histoire géographie, secrétaire du SNES au lycée Guillaume Fichet Christiane Zermatten, professeur d’anglais Robin Basier, professeur de philosophie Evita Tateo, professeur d’italien Ingrid Bayart, professeur de SES Marie-Pierre Bonzi, professeur d'allemand Yvan Ballot, professeur d'EPS Frédéric Grangerat, professeur de physique chimie Julien Buzenet, CPE Sarah Griessmayer Gravier, AED Laetitia Lergenmuller, AED Guillaume Dambriere, AED Sabrina Briffaz, AED Hélène Letellier, CPE Mathieu Mugnier, professeur d'histoire géographie Cécile Profeta, AED Nathalie François, professeur d'histoire géographie APEB, association des parents d’élèves de Bonneville